Ce qu’il faut retenir
- Terrain réalisé d'avril à mai
- 2817 questionnaires enregistrés
- 10 000 personnes contactées
- Deux envois postaux et une sensibilisation téléphonique
En 2009, l’ISSP a repris le thème des inégalités sociales, comme cela avait déjà été le cas en 1999, 1992 et 1987. Mais les deux premières vagues n’avaient pas été réalisées en France. On ne pourra donc comparer ici les résultats de 2009 qu’avec 1999, chaque fois que la même question a été posée.
Le questionnaire aborde successivement les points suivants :
On commente ci-dessous quelques résultats clefs.
57 % des Français estiment ne pas être payés à la hauteur de leurs mérites, contre 50 % en 1999. Seuls un tiers des Français ont le sentiment d’être payé justement, conformément à leurs mérites. Et pratiquement personne n’estime être trop payé ! Le sentiment d’injustie salariale est nettement plus fort chez les ouvriers, les employés, les personnes avec des revenus faibles ou qui se sentent au bas de l’échelle sociale.
Les cadres et les personnes à leur compte (à l’exception notable des agriculteurs) se disent plus satisfaits de leur rémunération. Les écarts selon l’âge sont très marqués : ce sont les personnes en milieu de vie professionnelle qui ressentent le plus l’injustice de leur salaire.
L’affirmation selon laquelle les différences de revenus sont trop grandes reçoit un très fort soutien des Français interrogés. La conscience d’inégalités salariales excessives semble même s’être renforcée depuis 1999.
L’affirmation est cependant un peu moins soutenue par les cadres supérieurs, chez les personnes à hauts revenus et ayant fait des études longues, ayant conscience d’être en haut de l’échelle sociale, orientés politiquement à droite.
Une large majorité de Français (encore plus forte qu’en 1999) attend du gouvernement une politique de réduction des inégalités. Les catégories populaires, qui ont sans doute davantage à gagner à cette réduction, souhaitent encore davantage que les autres cette politique.
Une hiérarchie se dégage assez clairement dans l’appréhension des conflits sociaux. Deux types de conflits sont très fortement ressentis : celui entre dirigeants et travailleurs (cité comme très ou assez important par 77 % des ersonnes interrogées) et celui entre le sommet et le bas de la société (72 %). Le conflit entre riches et pauvres apparaît aussi assez fort (43 %). Par contre l’existence, d’un conflit entre classe ouvrière et moyenne est très généralement perçu comme peu important. Depuis 1999, la conscience de l’importance des conflits sociaux s’est sensiblement renforcée.
Pour les répondants interrogés sur la forme que prend actuellement la société française, c’est la représentation d‘une hiérarchie sociale de type pyramidal qui domine (le type B rassemble près d’une réponse sur 2). Trois autres modèles sont chacun privilégiés par environ 15 % : une grande masse en bas et une petite élite au sommet, une pyramide avec une base rétrécie, une société en forme de toupie (organisée autour des classes moyennes). Un dernier modèle, celui d’une société avec une concentration en haut de la société ne convainc quasiment personne.
Ces représentations sont très stables dans le temps : les écarts avec 1999 sont faibles (une petite croissance du modèle A, celui d’une société de gens en bas, au détriment du modèle C (la pyramide avec une base un peu rétrécie). Des logiques sociales existent, sans être très fortes : le type A est plus choisi par ceux qui se sentent au bas de l’échelle sociale, le type C et D par ceux qui se perçoivent en haut. Chacun tend à voir la société à son image. Le type A est un peu plus de gauche, le type D de droite.
Les souhaits sont très décalés par rapport au diagnostic : la moitié des Français rêvent d’une société de classes moyennes (type D), solution encore davantage souhaitée par les jeunes et les personnes orientées à gauche. L’autre moitié plaide pour une société de classes supérieures ou une pyramide à base étroite (davantage soutenue par les personnes orientées à droite). Presque personne ne privilégie une société avec tout le monde en bas ou avec une pyramide à base large. Là encore, les écarts avec 1999 sont assez faibles, même si la société de classes moyennes est encore un peu plus plébiscitée qu’il y a 10 ans. On n’observe pas ici de logique sociale forte, contrairement à ce qu’on aurait pu anticiper.
