Famille et rôles sociaux

Plusieurs enquêtes convergent pour indiquer que la famille constitue une préoccupation centrale des individus. Cette priorité tient à de multiples facteurs. Tout d’abord, elle constitue la principale instance de socialisation des individus. Les prédispositions acquises dans le cadre de cette socialisation primaire sont généralement considérées comme durables et stables : elles fournissent des points de repères qui accompagnent les individus tout au long de leur vie, et qui changent assez peu au cours du temps. Mais la famille est aussi un lieu de transmission de ressources matérielles. Plusieurs sociologues considèrent d’ailleurs que cette fonction de soutien matériel exercée par la famille se renforce en période de crise économique. Elle joue notamment aujourd’hui un rôle décisif dans la scolarité des jeunes générations, et compense en partie le recul de l’âge d’entrée dans la vie active. Dans ces conditions, la famille peut être vue autant comme un élément d’émancipation que comme un vecteur de reproduction sociale. Enfin, la famille est un espace d’interrelations privilégiées entre hommes et femmes, parents et enfants… certains rôles et statuts sociaux s’y apprennent, s’y jouent et s’y transforment. Plusieurs travaux ont ainsi montré que la dynamique de renouvellement des générations en Europe modifiait profondément la structure et les représentations de la famille ; les attitudes des Européens allant vers plus de tolérance et d’égalité en matière de répartition des rôles entre hommes et femmes. En 2012, l’ISSP a porté sur le thème de la famille, comme cela avait déjà été le cas en 1988, 1994 et 2002. La France ayant rejoint l'ISSP en 1996, les deux premières vagues n'y ont pas été réalisées. On pourra donc comparer ici les résultats des enquêtes conduites en 2012 et 2002, chaque fois que la même question a été posée.